Figure emblématique des peuples côtiers du Cameroun, patriarche du Ngondo et artiste accompli, Jacques Eyoum Madiba sera l’invité d’honneur de la Convention Sawa d’Amérique du Nord, du 29 au 31 août 2025 à Montréal. Entre conférence sur l’unité sawa, exposition de ses œuvres et ateliers avec des créateurs locaux, il viendra conjuguer mémoire, art et vision pour la diaspora.

Du 29 au 31 août 2025, Montréal accueillera la Convention Sawa d’Amérique du Nord, un rassemblement des ressortissants de l’aire culturelle et géographique sawa — les peuples côtiers du Cameroun. L’événement aura pour invité d’honneur Jacques Eyoum Madiba, patriarche respecté et artiste reconnu, qui portera la voix de la tradition et de la création contemporaine.

Membre éminent du Collège des Patriarches du Ngondo (*), institution ancestrale chargée de veiller aux coutumes, à l’unité des clans côtiers et aux rites liés à la mer et aux ancêtres, Jacques Eyoum Madiba incarne l’héritage vivant des peuples sawa. Sa présence à Montréal n’a rien d’anodin : sa conférence portera sur l’unicité des peuples sawa et le rôle de la diaspora dans le développement, un thème qui résonne particulièrement auprès des communautés dispersées à travers le monde.

Conférence, exposition et ateliers

En marge de son intervention, une exposition d’œuvres inédites sera présentée, offrant au public un voyage entre cubisme et néo-impressionnisme. Les visiteurs y découvriront des toiles où la figure féminine, symbole de transmission et de mémoire, occupe une place centrale. Des ateliers interactifs avec des artistes locaux viendront prolonger ce dialogue entre art, histoire et identité.

Un parcours forgé par l’art et la mémoire

Né le 3 mai 1949 à Bonamouti Akwa (Douala), Jacques Eyoum Madiba grandit dans l’ombre créative de son grand-oncle Philippe Madiba, premier peintre camerounais diplômé, formé à Paris. Très tôt, il apprend l’art du trait et la rigueur du regard, mais son père l’oriente vers les études. Diplômé en sciences économiques, il fera carrière dans la fonction publique — avant de revenir, en 1988, à ses premières amours artistiques.

Son style, nourri par les influences de Zogo Isidore, Tchebetchou et Baby Eyango, se distingue par des volumes audacieux et une recherche constante de sens. Depuis, ses œuvres ont voyagé de Douala à Kumasi, en passant par Hannut et Yaoundé, et figurent aujourd’hui dans des collections privées et publiques.

BESUA (Jacques Eyoum Madiba)

Le généalogiste des peuples sawa

Parallèlement, il mène depuis plus de quarante ans un travail méticuleux de recherche ethno-généalogique, reconstituant les lignages sawa à travers témoignages, récits oraux et archives familiales. Avec le professeur Stéphane Ngwaza, il participe à la création de la base de données « Généalogie Sawa Ekelekete « , référence incontournable dans ce domaine.

Pour lui, cette démarche est indissociable de son art :  » Peindre ou retracer une généalogie, c’est la même chose : on fige une mémoire pour qu’elle traverse le temps. « 

Un témoin et un passeur

Aujourd’hui, à 76 ans, Jacques Eyoum Madiba poursuit inlassablement sa mission : transmettre. Que ce soit dans les assemblées du Ngondo, devant une toile ou lors d’une conférence, il invite les nouvelles générations à se réapproprier leur histoire.

Sa participation à la Convention Sawa 2025 en sera une nouvelle illustration : un moment de rencontre où traditions ancestrales, réflexion sur la diaspora et expression artistique se mêleront pour célébrer l’identité sawa dans toute sa richesse.

(*) Patriarche / Sage : en langue duala, on parle de « EYUM’A MOTO » : la prestigieuse distinction qui courrone aussi bien l’érudition culturelle que la virtuosité de la sagesse dont a fait montre tout au long de son parcours terrestre, un Homme de plus de 70 années chez le peuple Douala. L’Eyum’a moto est un veilleur, une sentinelle, un prêtre de la Sagesse ancestrale qui après l’avoir éprouvée parfois au péril de sa vie, a le redoutable devoir de la transmettre aux jeunes générations avec prudence, vigilance et sévérité.

Site internet : sawaconna.org

auteur : Cyrille Ekwalla – Neoquébec (Août 2025)

 

 

Related Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.