Dans un article(*) paru dans le quotidien montréalais Le Devoir, mercredi 9 octobre 2024, l’on apprenait que le nombre de Camerounais, demandeurs de résidence permanente au Canada via le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), diminuerait de façon drastique dans la prochaine année. En effet, le gouvernement du Québec a décidé de limiter le nombre de demandes émanant d’un seul pays, après avoir constaté une « diminution de la diversité de provenance » dans l’un des deux principaux programmes d’immigration économique.

Quota de 25% de demandes par pays

Selon l’arrêté signé par le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, cette décision vise à  » renforcer la diversité  » des pays d’origine au sein du PRTQ en imposant un quota de 25 %. Cela signifie qu’aucun pays ne pourra représenter plus du quart des candidats économiques dans ce programme. Cette mesure, qui est mise en place pour une durée d’un an jusqu’au 9 octobre 2025, affectera notamment les Camerounais, bien que leur pays ne soit pas explicitement mentionné dans la disposition publiée dans La Gazette officielle du Québec.(**)

Cameroun : 52% des demandes dans le PRTQ en 2024 et…

Les statistiques récentes révèlent cependant que les Camerounais sont les plus concernés par cette décision. En 2024, sur les neuf premiers mois, plus de 12 000 ressortissants camerounais ont été invités à présenter une demande de résidence permanente dans le cadre du PRTQ, représentant 52 % des « invitations » émises.

Le PRTQ, géré par le gouvernement provincial, est un programme compétitif basé sur un système de pointage, attribuant des points en fonction de plusieurs critères tels que le domaine de formation, la connaissance du français, l’âge et le niveau de scolarité. De une à trois fois par mois, des « invitations » sont envoyées à partir du bassin de candidats de la plateforme Arrima, en tenant compte parfois de critères géographiques ou de pénuries de main-d’œuvre.

Depuis la fin de l’année 2022, le Cameroun s’est hissé en tête des pays les plus représentés dans ce bassin de candidats. Ce phénomène a été en partie alimenté par plusieurs missions de recrutement, dont les Journées Québec, financées et organisées par le gouvernement québécois. Ces missions ont eu lieu dans ce pays d’Afrique centrale, où environ 11,5 millions de personnes parlent français.

… 5,9% de résidences permanentes en 2023

L’autre grand programme d’immigration économique du Québec, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), ne publie pas systématiquement les données sur les pays d’origine des candidats acceptés. Globalement, la France reste le pays d’origine le plus représenté parmi les nouveaux résidents permanents, mais elle ne dépasse pas le quart des admissions. Entre 2019 et 2023, 14 % des résidents permanents au Québec venaient de France, contre 9 % de la Chine, 5,9 % du Cameroun et 5,6 % de l’Algérie.

Cette limitation par pays d’origine, prévue par la Loi sur l’immigration du Québec, a rarement, voire jamais, été appliquée auparavant. Aux États-Unis, une limite de 7 % par pays est imposée pour certaines catégories d’immigration permanente, telles que la réunification familiale ou le parrainage en emploi. En revanche, les États-Unis organisent une « loterie » des résidences permanentes afin de favoriser les pays ayant un faible taux d’émigration vers leur territoire.

La nouvelle mesure québécoise pourrait ainsi rebattre les cartes de l’immigration pour de nombreux candidats camerounais qui devront se tourner vers d’autres options ou attendre que cette restriction temporaire soit levée.

(*) https://www.ledevoir.com/politique/quebec/821401/quebec-limite-pays-programme-immigration-permanente?

(**) https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/gazette/pdf_encrypte/lois_reglements/2024F/84218.pdf

(c) Institut Neoquébec – octobre 2024

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