Alors que le Parti libéral du Canada rafle à nouveau l’essentiel de la représentation politique des neoquébécois.es au Québec, une question fondamentale se pose : pourquoi, en 2025, la diversité reste-t-elle si étroitement liée à une seule formation politique ? Ce monopole peut-il être brisé ?

Au lendemain des élections fédérales de 2025, un constat s’impose avec insistance : tous et toutes les candidat.e.s neoquébécois.es élu.e.s au Québec siègeront à la Chambre des communes sous la bannière libérale. Aucun n’est passé par le Bloc Québécois, le Parti conservateur ou le NPD. Pire : ces partis, quand ils présentent des candidat.e.s issu.e.s de la diversité, les parachutent dans des circonscriptions ingagnables — comme pour se donner bonne conscience sans réelle volonté de transformation.

Ce phénomène, propre au Québec dans sa manifestation extrême, tranche avec le reste du Canada, où la diversité politique se décline sur plusieurs partis. Il est d’autant plus frappant qu’il contraste avec les dynamiques provinciales et municipales : à l’Assemblée nationale du Québec et dans de nombreuses mairies, des figures issues de la diversité siègent aujourd’hui au sein de partis variés. Preuve qu’une autre approche est possible.

Au niveau fédéral québécois, le Parti libéral consolide donc sa double position (*) : celle de bastion historique dans les circonscriptions multiculturelles, et celle de refuge naturel pour les ambitions politiques issues de la diversité. Il réussit là où les autres partis échouent — ou ne tentent même pas. La réélection d’Alexandra Mendès, Greg Fergus, Anju Dhillon ou Emmanuella Lambropoulos témoigne d’un ancrage profond. Mais c’est surtout l’arrivée de nouveaux visages comme Marjorie Michel, Abdelhaq Sari, Bienvenu Olivier Ntumba, Tatiana Auguste ou Natilien Joseph qui renforce cette impression d’un monopole à la fois consolidé et renouvelé.

Faut-il s’en réjouir ? Oui, si l’on s’en tient à la photo de famille : la diversité est visible, affirmée, active. Non, si l’on regarde la scène politique dans son ensemble : cette diversité ne parle que d’une seule voix partisane. Et c’est là que le bât blesse.

« Quand la diversité ne s’exprime qu’à travers un seul parti, ce n’est plus un choix démocratique — c’est un symptôme de verrouillage.« 

Car la démocratie repose sur le pluralisme. Or, si seules les idées libérales sont portées par des élu.es neoquébécois.es, qu’en est-il des sensibilités conservatrices, souverainistes ou socio-démocrates issues de ces mêmes milieux ? Ont-elles ou auront-elle un jour voix au chapitre ? La diversité d’origine ne suffit pas — encore faut-il une diversité de convictions.

Représentativité partielle et influence fragile

Mais il serait trop facile de ne pointer que les partis. Les neoquébécois.es eux/elles-mêmes doivent s’interpeller. Pourquoi concentrer tant d’attentes sur un seul parti ? Pourquoi si peu de candidatures ailleurs ? Est-ce par prudence ? Par fidélité ? Par stratégie ? Ou simplement parce que les autres formations ne semblent pas offrir de réels débouchés ?

La réponse n’est pas univoque, mais une chose est sûre : tant que les communautés issues de la diversité n’investiront pas pleinement tous les espaces politiques — y compris ceux qui semblent fermés — leur représentativité restera partielle, et leur influence, fragile.

Il faut donc un double sursaut : celui des partis, pour ouvrir réellement leurs portes, et celui des citoyen.ne.s neoquébcois.es, pour oser les franchir. Car une véritable diversité politique ne se limite pas à la présence de personnes racisées regroupées sous une seule et même bannière.. Elle se construit dans le débat, la contradiction, la pluralité. Bref, dans la démocratie pleine et entière.

(*) https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/elections-federales-2025-rouge-est-la-couleur-des-deputes-neoquebecois/

(c) Cyrille Ekwalla (Avril 2025)

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