L’engagement : un mouvement, une traversée

L’engagement pour plus de justice sociale, pour la reconnaissance de la diversité, pour l’inclusion, pour une meilleure éducation, pour l’équité, contre le racisme et les discriminations, etc… ne se limite ni à un slogan, ni à une seule posture.

Il ne porte pas un uniforme unique, et encore moins une méthode exclusive. Il se décline, s’invente, se renouvelle au rythme des histoires individuelles, des contextes locaux, des sensibilités personnelles.

Pour certain·e.s, s’engager, c’est manifester dans la rue. Pour d’autres, c’est enseigner autrement, écrire un livre, lancer une entreprise inclusive, soigner, créer de l’art, réinventer les récits, occuper un siège décisionnel, parler dans un micro, ou tout simplement ouvrir un espace de parole. Il y a autant de formes d’engagement qu’il y a de voix qui refusent le silence.

Ce qui compte, ce n’est pas la forme que prend l’engagement, mais la cohérence, la constance et l’intention. Ce sont les gestes du quotidien – souvent invisibles – qui bousculent les normes, élargissent les possibles et nourrissent les luttes.

Le choix des voies

S’engager, ce n’est pas toujours s’exposer. C’est parfois tenir bon dans des milieux hostiles, changer les choses de l’intérieur, être l’exception qui ouvre la voie.

Et puis, il y a aussi celles et ceux qui choisissent, à un moment, de changer de voie. Non pas par lassitude ni par désengagement, mais parce qu’un cycle s’est achevé, parce qu’un rôle a été joué, parce que l’énergie appelle un autre espace d’expression. Continuer à lutter, mais autrement. Sous une autre forme. Avec d’autres outils.

Parfois, cela signifie se retirer des projecteurs pour mieux accompagner, transmettre, renforcer en silence. Agir depuis les coulisses, là où naissent les idées, se négocient les virages, se préparent les résistances futures. Mais changer de voie peut aussi vouloir dire s’exposer à nouveau, différemment. Aller vers quelque chose de tout aussi visible que la posture précédente, mais nourrie d’une maturité nouvelle, d’une vision élargie.

Cyrille Ekwalla

Reprendre la parole dans un autre cadre. Faire un pas de côté, non pour s’effacer, mais pour éclairer autrement. Entrer en politique après des années de militantisme de terrain. Fonder une institution après avoir été une voix critique. Ou même, simplement, incarner une suite logique, presque évidente, de ce que l’on portait déjà – comme une transition naturelle vers un autre chapitre du même combat.

Dans chacun de ces cas, il ne s’agit pas de rupture, mais de continuité autrement formulée.

Car l’engagement n’est pas un lieu figé : c’est un mouvement. Une traversée. Et ce mouvement suppose des choix, des remises en question, des évolutions. Il n’y a pas de hiérarchie entre les formes que prend cet engagement. Il n’y a que des parcours uniques, des moments singuliers, et des personnes qui, à leur façon, à leur rythme, avec leurs moyens, refusent l’indifférence.

 » L’engagement mûrit comme l’être humain :

il change de peau sans jamais trahir sa source. « 

Réduire l’engagement à une seule manière d’agir, c’est oublier que les systèmes d’oppression se logent partout, et que la résistance, elle aussi, se diffuse partout. Lutter pour un monde plus juste, plus équitable, plus représentatif, c’est accepter que cette lutte se mène sur plusieurs fronts, avec des armes différentes, à des rythmes variés.

Et c’est précisément cette diversité de formes, de moments, de voix, de passages et de recommencements, qui fait la richesse du combat collectif.

(c) Cyrille Ekwalla – Juin 2025

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