Le 29 janvier a été proclamé Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie au Canada. Cette date rappelle le drame survenu le 29 janvier 2017 au Centre culturel islamique de Québec, où un attentat terroriste a coûté la vie à six hommes, tous membres de la communauté musulmane.
Ce soir-là, des pères, des fils, des maris, des frères ont été assassinés alors qu’ils priaient dans leur mosquée. L’assaillant, Alexandre Bissonnette, animé par la haine de « l’autre », a ouvert le feu, fauchant six vies et blessant de nombreuses autres.
Les noms des victimes, afin que nul n’oublie :
- Azzeddine Soufiane, 57 ans, propriétaire de la boucherie Assalam, originaire du Maroc.
Figure emblématique de la communauté musulmane de Québec, Azzeddine Soufiane était non seulement commerçant, mais également passionné de géologie. Il avait entrepris un doctorat à l’INRS, menant des recherches en Nouvelle-Écosse, dans l’Arctique canadien et sur l’île d’Anticosti. Il vivait au Québec depuis près de 30 ans. - Aboubaker Thabti, 44 ans, pharmacien, originaire de Tunisie.
Arrivé à Québec en 2012, il travaillait comme chef d’équipe dans une entreprise et vivait avec sa famille dans le secteur de Sainte-Foy. Sa femme tenait une garderie en milieu familial. Père de trois enfants, il avait quitté la Tunisie pour offrir un avenir meilleur à sa famille. - Ibrahima Barry, 39 ans, informaticien, originaire de Guinée.
Employé dans la fonction publique, il était père de quatre enfants âgés de 2 à 13 ans. Ami proche de Mamadou Tanou Barry, ils voyageaient souvent ensemble. Il avait également obtenu sa citoyenneté canadienne.

- Abdelkrim (Karim) Hassane, 41 ans, analyste-programmeur, originaire d’Algérie.
Arrivé au Québec il y a cinq ou six ans, il travaillait au Centre de services partagés du Québec. Père de trois filles, dont la plus jeune n’avait que quelques mois, il avait d’abord vécu à Montréal avant de s’installer à Québec.Khaled Belkacemi, 60 ans, était professeur en génie alimentaire à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. Chercheur affilié à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels, M. Belkacemi était originaire d’Alger, en Algérie. - Khaled Belkacemi, 60 ans, était professeur en génie alimentaire à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. Chercheur affilié à l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels, M. Belkacemi était originaire d’Alger, en Algérie.
- Mamadou Tanou Barry, 42 ans, comptable, originaire de Guinée.
Il travaillait comme comptable au centre commercial Place de la Cité et vivait à Québec depuis 2011. Père de deux jeunes enfants, il avait obtenu la citoyenneté canadienne et résidait sur la rue de La Pérade, à Sainte-Foy.
Une prise de conscience et une reconnaissance nationale tardive
Le premier ministre Justin Trudeau a décrété le 29 janvier comme Journée nationale de commémoration et de lutte contre l’islamophobie. Dans cette optique, il a également nommé Amira Elghawabi représentante spéciale du Canada pour la lutte contre l’islamophobie.
Le 25 janvier dernier, quelques jours avant la commémoration, M. Trudeau, accompagné de représentants du gouvernement, a rencontré les familles des victimes pour leur témoigner son soutien.
Interrogée lors de cette rencontre, Amira Elghawabi a déclaré :
« Les musulmans canadiens avertissent depuis des années les autorités que la haine et l’islamophobie croissantes dans notre pays représentent un réel danger pour notre sécurité et notre bien-être. Le 29 janvier a représenté la réalisation de nos pires cauchemars. »
Cette journée rappelle non seulement une tragédie, mais aussi la nécessité de combattre activement l’islamophobie et toutes les formes de haine qui menacent la cohésion sociale au Canada.
Le Sénat du Canada a produit un rapport au mois de novembre 2023 sur les dangers de la montée « inquiétante » de l’islamophobie au Canada. Pour le consulter, c’est ici : https://sencanada.ca/fr/info-page/parl-44-1/ridr-islamophobie/
(c) Institut Neoquébec (Janvier 2025)