Jeudi 6 novembre, le Centre culturel afro-canadien de Montreal (CCAM) tenait sa 4ᵉ soirée Héritage — et rarement le mot héritage n’aura aussi bien porté son nom. Et pour cause ? La personnalité à l’honneur n’était nul autre que le légendaire Oliver Jones, icône du jazz canadien et fierté montréalaise. Était-ce prémonitoire ? Peut-être bien.
D’abord, le choix du lieu. Exit le Ritz Carlton, théâtre des trois précédentes éditions, et place au Windsor Ballroom de Montréal — une décision qu’Allen Alexander, directeur du CCAM, explique avec simplicité et malice : « On voulait juste changer un peu, sans raison particulière. »
Et il faut dire que le changement portait ses fruits : la composition du public, cette année, était au moins de moitié différente de celle des éditions précédentes. Vous avez dit deux solitudes ? May be ! Mais ce soir-là, elles vibraient à l’unisson.
Des invités d’honneur prestigieux… comme d’habitude
La soirée, animée avec charme, humour et professionnalisme par Catherine Vernon Diamond, a réuni un parterre de personnalités inspirantes.
Parmi les invités d’honneur, on retrouvait : Michaëlle Jean – ex-gouverneure générale du Canada (qui célèbre cette année le 20ᵉ anniversaire de sa nomination), Amina Gerba – sénatrice et femme d’affaires, Frantz Saintellemy – entrepreneur et chancelier de l’Université de Montréal,
Carla Beauvais – nouvelle conseillère municipale à Montréal, Frantz Benjamin – député provincial de Viau, Macky Tall – Président du conseil d’Administration de la Banque de l’infrastructure du Canada, Franck Baylis – président de Baylis Medical Technologies… Et bien d’autres figures marquantes du milieu communautaire, artistique et économique de la métropole montréalaise.

Un hommage attendu, mérité et émouvant
Il était temps — oui, grand temps — que la communauté noire montréalaise rende hommage à ce monstre sacré qu’est Oliver Jones.
Comme l’a si bien dit Margaret Archer, nouvelle présidente du conseil d’administration du Centre culturel afro-canadien de Montréal :
« Cet hommage n’est pas seulement pour son héritage, mais aussi pour sa contribution à la musique et son engagement envers la promotion des valeurs artistiques et communautaires. »
Les hommages officiels ont été livrés par trois voix aussi différentes que complémentaires :
- Marthe Sansregret, sa biographe, qui a su retracer avec émotion les grandes lignes d’une vie consacrée à la musique ;
- Patricia Fourcand, présidente sortante du conseil d’administration du CCAM
- Jim West, fondateur du label Justin Time Records, qui a publié les deux derniers albums du maestro ;
- Et le fils d’Oliver Jones, dont les mots simples et sincères ont ému toute la salle.
Il y eut aussi des hommages musicaux dont celui de Daniel Clarke Bouchard, jeune pianiste montréalais et protégé d’Oliver Jones. Talentueux, précis, habité, le jeune artiste a livré une performance « pianistique » de haut-vol. Un passage de témoin tout en musique, entre le maître et son élève, entre l’héritage et la promesse d’avenir.
Le moment de grâce
Puis vint le moment que tous attendaient. À 91 ans, honoré par un parterre de près de 300 convives, majoritairement issus de la communauté noire, dans sa ville, Oliver Jones a pris la parole. Son discours de remerciement, empreint d’humilité et d’émotion, a fait mouche.
Et quand, les larmes aux yeux, il s’est assis au piano pour offrir — suprême surprise — une interprétation d’un de ses titres phares, le public a compris qu’il vivait un instant d’histoire. La légende Oliver Jones, le kid de Little Burgundy (quartier montréalais), a littéralement suspendu le temps.
Malgré l’âge, la dextérité, la précision et la musicalité du virtuose étaient intactes. L’ovation qui a suivi était spontanée, sincère.
Une soirée d’hommage, mais aussi de transmission
Cette 4ᵉ édition de la soirée Héritage du CCAM restera gravée dans les mémoires. Elle a célébré plus qu’un homme : elle a célébré un symbole, une trajectoire, une musique qui transcende le temps.

Et à travers ce moment suspendu, les organisateurs de cette soirée ont rappelé que l’héritage ne se limite pas à ce qu’on reçoit – il se prolonge dans ce qu’on transmet.
Pour en savoir plus sur le CCAM : https://ccamontreal.ca/
(c) CYEK – Neoquébec (nov. 2025)
credit photos : Lamar Photographer / Eyeinmotion (CCAM 2025) / Neoquebec

