C’est un rêve longtemps caressé, et désormais en marche : la communauté bamiléké du Canada s’apprête à inaugurer sa première Maison culturelle à Montréal. Porté par Binam Canada, la plus ancienne association de ressortissants camerounais de l’Ouest établie au pays, le projet incarne bien plus qu’un simple bâtiment. Il se veut un lieu de mémoire, de transmission, et de rayonnement culturel.
À la tête de cette initiative, Collins Nziemi, chef d’entreprise et président fraîchement élu de l’association, entend redonner à la communauté bamiléké – forte de près de 20 000 membres au Canada – une structure capable de reconnaître, valoriser et pérenniser son héritage.
» Ce n’est pas qu’une salle. C’est un carrefour identitaire. Une façon de dire : voilà ce que nous sommes, ce que nous apportons au Québec, au Canada, au monde « , affirme-t-il dans une entrevue accordée à NéoQuébec.

La Maison Bamiléké ouvrira ses portes dans quelques semaines, au mois de mai plus précisémment, dans un local situé sur le boulevard Décarie, en attendant la concrétisation d’un bâtiment permanent. L’idée, selon Collins Nziemi, est de » bâtir un projet structurant, visible, durable « , là où trop souvent, l’action communautaire s’est limitée à des événements éphémères ou festifs. » Les galas, c’est bien, mais ça ne laisse pas toujours de traces « , lance-t-il.
Pensée comme une salle polyvalente ouverte à toutes les communautés
Inspirée des modèles d’autres communautés – haïtienne, roumaine, juive ou italienne – cette maison culturelle se veut ouverte à tous. Elle a été pensée comme une salle polyvalente ouverte à toutes les communautés » Ce n’est pas une maison de repli. Ce n’est pas un club fermé. C’est un espace camerounais, africain, montréalais, ancré dans la diversité « , insiste-t-il.
Un financement citoyen, sans actionnaires
Et pour ceux qui s’interrogent sur le choix de l’identité » bamiléké » plutôt que » camerounaise » : » Il fallait bien commencer quelque part. Le projet est né d’un groupe précis, mais il est destiné à s’élargir. Ce que nous vendons, c’est la culture camerounaise à travers une de ses richesses. Le Cameroun a quelque chose à vendre : c’est sa culture. «

Le financement, lui, repose sur les dons citoyens, allant » de 1 à 10 000 dollars « , précise Collins Nziemi, qui insiste sur la dimension désintéressée de la démarche. Il n’y aura ni actionnaires ni parts à redistribuer. » Ce qu’on gagne ici, c’est une mémoire collective, une fierté partagée, et une meilleure reconnaissance. «
Une ambition continentale
Outre l’espace d’exposition et d’événements, la maison prévoit une programmation riche : vernissages, conférences, artisanat, ateliers, résidences artistiques, mais aussi mise à disposition de locaux pour les associations communautaires.

Avec la Maison Bamiléké, c’est tout un pan de l’Afrique en miniature qui prend racine dans la métropole. Et qui espère, par son exemple, inspirer d’autres communautés à faire de la culture un pilier de l’inclusion, de la visibilité, et de la contribution.
Pour écouter l’interview de Collins Nziemi, cliquer sur le lien suivant :
En savoir plus et faire un don : www.bamilekecanada.org
(c) Cyrille Ekwalla (Neoquébec /21-04-25)