La pièce de théâtre « S’enjailler » , écrite par Stephie Mazunya, comédienne d’origine burundaise, sera présentée du 15 avril au 11 mai 2024 à la salle Jean-Claude Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Cette œuvre théâtrale porte un regard sur la vie de quatre jeunes Montréalaises afrodescendantes, Naïca, Keza, Safia et Chloé, qui confrontent leurs réalités quotidiennes, mêlant le combat contre le racisme, les interrogations sur la sexualité, les principes du féminisme, et les défis liés à leur corps. Mêlant le créole haïtien, le joual québécois, l’anglais, l’argot français, le kirundi, et l’arabe, les échanges entre les quatre femmes millénariales offrent des anecdotes à la fois hilarantes et touchantes.
Stephie Manzunya, qui joue aussi dans la pièce, partage sa nervosité et son excitation à l’idée de dévoiler son écriture au public. « Evidemment, j’ai déjà joué des pièces par d’autres, mais là ce sera la première fois que je soumettrai mon écriture au public, en plus je joue dans la pièce. C’est pas pareil ».
Pour la comédienne, « S’enjailler » est le fruit d’un long processus créatif qu’elle compare à un accouchement, marquant la fin d’une période de gestation de son projet artistique et l’espoir que celui-ci soit bien accueilli par le public.
Cette pièce est une célébration de l’amitié entre quatre femmes montréalaises afro-descendantes, à un tournant de leur vie adulte, où elles commencent à s’affranchir et à former leurs opinions personnelles. Leur parcours est décrit comme un « coming of age » dans un espace de liberté où elles peuvent être authentiquement elles-mêmes, loin des clichés et stigmates habituellement rencontrés.
« Oui, ces femmes sont libres parce qu’elles sont dans un safe-space. Elles se sentent en sécurité, en confiance et peuvent se laisser aller, sans le regard d’une société qui les jugent constamment. Elles se soutiennent, malgré les hauts et les bas. » dit l’auteure – comédienne.
Pensent-elles de la même façon ? Stephie Mazunya s’insurge presque de cette question. « Justement, c’est aussi l’occasion de montrer que toutes les femmes noires ne sont pas identiques. ». En effet, les personnages, issus de divers horizons et ayant des expériences de vie différentes, illustrent la diversité au sein de la communauté noire. Cette diversité est soulignée par les différents accents et origines des personnages, certains nés à Montréal et d’autres immigrants, et cela enrichit ainsi la pièce d’une multiplicité de points de vue et d’expériences.
« On s’est embrassés pis j’ai eu des papillons dans mon punani.
Ça, c’est un fucking signe ! »
La pièce aborde de manière frontale les thèmes de la sexualité, de la sororité, et de la pression sociale et familiale, tout en naviguant à travers les nuances de l’expérience afrodescendante dans un contexte moderne. L’intimité, les défis, et les joies partagées entre les personnages sont présentés avec humour et profondeur, permettant d’explorer des sujets souvent tabous dans leurs communautés d’origine.
D’où lui est venue l’idée d’écrire cette pièce ? À cette question, Stephie Mazunya se replonge dans un passé douloureux très récent. « C’était juste après l’assassinat de George Flyod…durant le mouvement Black Lives Matters ». Au milieu de toute cette atmosphère oppressante, elle a ressenti un « besoin de légèreté et de représentation positive des personnes noires. L’auteure aspire à présenter des récits qui célèbrent la vie quotidienne des femmes noires, loin des tragédies sociales, et à humaniser leur expérience.
Les trois autres comédiennes de la pièce, Carla Mezquita Honhon, Naïla Louidort, et Malube Uhindu-Gingala, ont été choisies pour leur talent et leur capacité à représenter la diversité linguistique et culturelle des personnages, contribuent à la richesse du spectacle. Leur diversité d’accents et de parcours enrichit le dialogue et la représentation sur scène, tandis que leurs aspirations et rêves, tels que participer à l’émission québécoise « Tout le monde en parle », soulignent leur appartenance à la culture québécoise.
À l’instar des pièces comme Heritage ou M’appelle Ali
La metteure en scène, Sophie Cadieux, a rapidement adhéré au projet, partageant une affinité artistique et un soutien indéfectible à l’égard des thématiques abordées. Cette collaboration a permis d’enrichir le processus créatif et d’assurer une mise en scène réfléchie et engagée.
Enfin, Stephie Mazunya fonde beaucoup d’espor sur le public et exprime le souhait que « S’enjailler » soit perçue comme une lettre d’amour adressée aux femmes noires, les invitant à se voir représentées dans toute leur complexité et leur beauté. Elle souligne l’importance du soutien de la communauté noire et de la reconnaissance mutuelle dans la diversité des expériences vécues, espérant que la pièce ouvre des portes à d’autres projets similaires et encourage une représentation plus large et diversifiée sur les scènes montréalaises.
Distribution : Texte Stephie Mazunya / Mise en scène Sophie Cadieux assistée de Mathilde Boudreau / Interprétation Carla Mezquita Honhon, Malube Uhindu-Gingala, Naïla Louidort et Stephie Mazunya / Dramaturgie Rébecca Déraspe et Tamara Nguyen / Scénographie et accessoires Maria Carjaval /Lumière Martin Sirois
Environnement sonore Elena Stoodley / Vidéo Miryam Charles /Costumes Marie-Audrey Jacques / Régie et direction technique Romane Bocquet / Direction de production Mathilde Boudreau.
Plus d’infos : theatredaujourdhui.qc.ca/senjailler
(c) Neoquébec – avril 2024