C’est à Montréal que la diversité politique québécoise joue sa grande scène. À quelques jours des élections municipales du 2 novembre, la métropole vit une campagne où les visages, les accents et les parcours racontent enfin la pluralité de ceux qui y habitent. Des mairies d’arrondissement aux postes de conseillers, les candidatures issues des communautés néoquébécoises n’ont jamais été aussi nombreuses. Et pour plusieurs analystes, ce n’est plus une tendance : c’est un tournant.
Une métropole à l’image du Québec qui change
Montréal a toujours été la ville des contrastes et des mélanges. Mais en 2025, la diversité s’exprime aussi dans les urnes. Pour la première fois, presque un tiers des candidats présentés par certains partis municipaux sont issus des minorités visibles. Une réalité que même les formations traditionnelles ne peuvent plus ignorer.
Le parti Projet Montréal, au pouvoir, présente 33 candidatures néoquébécoises sur un total de 105 — environ 31 % de ses troupes.
Son rival, Ensemble Montréal, en compte 19 sur 87, soit un peu plus de 22 %.
Mais la vraie surprise vient de Futur Montréal, le jeune parti de Jean-François Kacou, qui affiche 47 candidatures, dont 41 issues des communautés noires. Du jamais vu à ce niveau de représentation politique.
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Projet Montréal : Avec 103 candidats, dont 33 néo-québécois, le parti affiche une forte représentation de la diversité, avec environ 32% de ses candidats issus de l’immigration.
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Ensemble Montréal : Présentant 90 candidats, dont 19 néo-québécois, le parti montre un engagement notable envers la diversité, représentant environ 21% de ses candidats.
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Transition Montréal : Ce nouveau parti, avec 80 candidats, dont 28 néo-québécois, se distingue par une représentation d’environ 35% de candidats issus de l’immigration, soulignant son orientation inclusive.
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Futur Montréal : Avec 51 candidats, dont 14 néo-québécois, le parti présente environ 27% de ses candidats issus de l’immigration, reflétant une diversité significative.
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Action Montréal : Bien que le nombre exact de candidats néo-québécois ne soit pas disponible, le parti prévoit 58 candidats au total.
Remarque : Les données sur le nombre de candidats néo-québécois pour Action Montréal ne sont pas disponibles.
Cette multiplication de candidatures transforme le visage de la campagne. Dans les marchés publics, les écoles, les mosquées, les temples et les parcs, les candidats se croisent, débattent et mobilisent une population longtemps absente du jeu politique municipal.
Des mairies d’arrondissement plus ouvertes que jamais
Les mairies d’arrondissement sont aussi marquées par cette vague de diversité.
Chez Projet Montréal, 10 candidats sur 19 sont issus des communautés néoquébécoises — un record : Alain Bakayoko (Outremont), Alia Hassan Cournol (Mercier Hochelaga Maisonneuve), Cathy Wong (Le Plateau Mont-Royal), Celine Audrey Beauregard (Verdun), Gracia Kasoki Katahwa (Notre Dame de Grâce / Côte-des-Neiges), Jean-Louis Fozin (Lasalle), Luckny Guerrier (Saint Leonard), Rebecca Michaëlle Daniel (Pierrefonds Roxboro), Roger Petit-Frère (Montreal-Nord), Youssef Shoufan (Saint-Laurent).
Futur Montréal suit avec 3 candidats : Gulnar Musa (Notre-Dame-de-
Et Ensemble Montréal en compte deux : Alan De Souza (Saint-Laurent) et Stéphanie Valenzuela (Notre-Dame-de-

Cette présence accrue, à des postes de proximité, marque une évolution concrète : la diversité ne se limite plus aux discours sur la représentativité — elle se vit dans la gestion locale, au contact direct des citoyens. Et les enjeux portés sont souvent très concrets : sécurité urbaine, logement, mobilité, égalité des chances, participation des jeunes. Bref, la politique du quotidien, celle qui touche vraiment les Montréalais.
Quand la diversité devient un enjeu de stratégie électorale
Pour les partis, cette transformation n’est pas qu’une question de valeurs — elle est aussi stratégique.
La diversité montréalaise représente désormais un électorat clé : jeunes, instruits, actifs, concentrés dans plusieurs arrondissements décisifs comme Saint-Michel, Côte-des-Neiges, Montréal-Nord ou Parc-Extension.
Ne pas y être présent, c’est courir le risque de se couper d’une partie de la ville.
Mais cette course à la diversité pose aussi des questions. Certains observateurs craignent qu’on réduise les candidats issus des minorités à leur « identité visible », sans toujours leur donner des rôles de responsabilité au sein des partis. D’autres y voient au contraire une étape nécessaire vers une représentativité normale, où les origines cessent d’être un sujet en soi.
Comme le résume une militante communautaire de Saint-Michel : « Ce qu’on veut maintenant, c’est être choisis pour nos idées, pas pour notre couleur. »
Un test pour la démocratie locale
Cette élection municipale est donc un véritable test pour la démocratie montréalaise.
Les candidats néoquébécois ont franchi la première étape — celle de la visibilité. La seconde, plus exigeante, sera celle de la crédibilité électorale : transformer la présence en sièges, les candidatures en mandats, et les mandats en influence réelle.
Car la diversité ne se mesure pas seulement au nombre de candidats, mais à la capacité des institutions à accueillir d’autres façons de voir et de décider. Montréal, laboratoire social depuis toujours, semble prête à franchir ce cap.
Et si, dans quelques années, on ne parlait plus de « diversité politique », mais tout simplement de « politique montréalaise » ?
(c) Rédaction Neoquébec (oct. 25)
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