Michaëlle Jean : Unir les voix des communautés noires pour lutter contre le racisme systémique

Montréal s’apprête à accueillir une initiative d’envergure avec le Sommet pancanadien des communautés noires, une plateforme unique dans l’histoire du pays. Porté par Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale du Canada et figure emblématique de la mobilisation sociale, ce sommet se veut bien plus qu’un événement : un véritable mouvement collectif pour la reconnaissance, la justice et le développement des communautés noires.

À cette occasion, Michaëlle Jean – dans une interview qu’elle nous a accordée – décrit le racisme systémique comme une violence structurelle qui engendre des déficits majeurs en termes de participation et de justice.

Un Racisme Dévastateur à Combattre

« Le racisme n’est pas une fatalité, c’est un crime« , a-t-elle déclaré, soulignant les impacts dévastateurs de cette exclusion sur des secteurs clés comme la santé, le logement et l’éducation. Selon elle, l’échec collectif à lutter contre le racisme prive la société d’innovations, de perspectives et de synergies essentielles à son développement.

Au fil de l’entretien, l’on se rend compte du rôle central de Michaëlle Jean dans l’organisation du Sommet pancanadien des communautés noires. Face à l’urgence de lutter contre le racisme systémique au Canada, l’ex-gouverneure générale insiste sur la nécessité d’instaurer une plateforme collective pour les communautés noires. C’est dans cet esprit et pour cet objectif qu’elle présente le Sommet pancanadien des communautés noires, non pas comme un simple événement, mais comme un mouvement pour mobiliser les ressources intellectuelles, sociales et politiques en faveur de la reconnaissance et de la justice.

En ce qui concerne le racisme systémique, il a pour conséquence directe l’exclusion. Mme Michaelle Jean décrit le racisme comme un « crime » qui crée des déficits en participation, en justice, et en développement. Elle insiste sur l’importance de documenter les impacts du racisme dans des secteurs clés tels que la santé, le logement, et l’éducation.

Le Manifeste pour l’éradication de la discrimination raciale

Un point clé de l’interview est la nécessité d’unir les voix des communautés noires. Michaëlle Jean souligne que la force du sommet réside dans son leadership collectif, mettant en avant le manifeste d’Halifax (*) comme un outil de sensibilisation et de plaidoyer. En tant que descendante d’Haïtiens, elle fait le lien avec l’héritage de la révolution haïtienne pour illustrer la continuité des luttes pour la liberté et la justice.

Le leadership de la jeunesse noire canadienne

Au cours de cet entretien, Michaëlle Jean a beaucoup insisté sur le rôle central des jeunes dans ce processus. Elle rejette l’idée selon laquelle ils seraient uniquement « l’avenir« , affirmant qu’ils jouent déjà un rôle clé dans le présent. « Leur voix est frontale, courageuse et indispensable pour porter les enjeux de santé mentale, de justice et d’inclusion« , a-t-elle ajouté.

La co-présidente de la Fondation Michaëlle Jean considére la jeunesse noire canadienne comme un moteur essentiel du changement. Et affirme que ces jeunes incarnent déjà un leadership actif et impactant.

Quelle pertinence pour le Sommet pancanadien des communautés noires ?
Quand on lui pose la question de savoir quelle pourrait être la plue-value du SPCN (ou encore Black Canadian Summit), Michaëlle Jean met en avant la spécificité du sommet par rapport aux initiatives antérieures. Celui-ci offre une plateforme nationale permettant aux décideurs d’entendre les communautés noires et de se confronter à des données essentielles pour orienter les politiques publiques. Elle insiste également sur la reconnaissance des expertises présentes au sein des communautés noires.

Une volonté d’internationalisation de la lutte
Michaëlle relève aussi dans cetéchange la portée du sommet dépasse le cadre canadien. Elle mentionne sa présentation du Manifeste aux Nations Unies, ce qui à ses yeux, démontre l’ambition d’intégrer les combats locaux dans une dynamique globale, notamment à travers les thèmes de la reconnaissance, de la justice et du développement, qui sont les thèmes de la dernière Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.

L’étape de Montréal (31 janvier au 2 février) est perçue comme cruciale pour consolider les actions entreprises. Elle marque une continuité dans le mouvement tout en ouvrant de nouvelles perspectives, notamment sur la réparation des injustices et l’inclusion des jeunes dans le processus décisionnel.

Pour écouter l’entrevue de Michaëlle Jean au micro de Cyrille Ekwalla:

Le rôle visionnaire de Michaëlle Jean dans la lutte contre le racisme et l’exclusion au Canada est indéniable. À travers le Sommet pancanadien des communautés noires, elle appelle à une mobilisation collective et intergénérationnelle pour transformer les défis en opportunités de développement et de justice sociale, mais qu’il soit aussi un levier stratégique pour influencer les politiques publiques et amplifier la voix des communautés noires au Canada et au-delà. Elle  conclut en rappelant que « le racisme ne peut pas être uniquement l’affaire de ceux qui en souffrent, c’est une responsabilité partagée »; c’est pourquoi le sommet de Montréal promet de résonner comme un appel à l’action collective pour bâtir une société plus inclusive et équitable.

(*) https://fmjf.ca/wp-content/uploads/2023/05/DECLARATION_HALIFAX_2024_FR.pdf

(c) Institut Neoquébec (Janv. 2025)

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