« Il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité, et c’est pourquoi la vérité doit être connue. » Ces mots puissants de Debbie Eisan, membre de la Première Nation Batchewana en Ontario et capitaine de vaisseau honoraire de la Marine canadienne, soulignent l’importance de reconnaître la vérité pour avancer.
Vendredi dernier lors d’une cérémonie marquant la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre 2024, ces paroles ont résonné profondément. La Commodore Jeanne Lessard des Forces armées canadiennes (FAC), native de Jonquière, plus haute gradée de la Marine royale présente, a insisté sur l’importance de représenter l’ensemble de la société canadienne dans les rangs des FAC et de s’engager sincèrement dans le processus de réconciliation.
La cérémonie a eu lieu à bord du NCSM William Hall, le quatrième navire de patrouille extracôtier et de l’Arctique, accosté au Port de Montréal pour l’occasion. Tealey Kasennisaks, une gardienne de savoir mohawk et facilitatrice culturelle, a dirigé ce moment de recueillement. Cet événement symbolique a souligné la volonté de la Marine royale canadienne de renforcer ses relations avec les communautés autochtones du Nord et de collaborer avec elles lors de ses opérations dans l’Arctique.
Après la cérémonie traditionnelle, le commandant du navire a conduit une visite guidée qui a permis de discuter des efforts de la Marine pour intégrer la diversité dans ses rangs. Comme le reste de la société canadienne, les FAC cherchent à inclure davantage les Canadiens issus de l’immigration, dont les néo-Québécois. La Marine semble être en avance sur d’autres corps des FAC en matière d’inclusion, mais il reste encore du travail pour parvenir à une véritable représentativité.
Je voudrais croire que le NCSM William Hall incarne cette quête d’inclusion. En effet, le nom de baptême de ce beau et tout neuf navire (livré en mai 2024) rend hommage à William Hall, une figure historique majeure du Canada. Né en 1827 en Nouvelle-Écosse de parents anciens esclaves, Hall a été le premier Néo-Écossais et la première personne noire à recevoir la Croix de Victoria, la plus haute distinction de l’Empire britannique pour acte de bravoure. Il a obtenu cette distinction pour son courage lors du siège de Lucknow pendant la rébellion indienne de 1857. En célébrant sa mémoire, la Marine canadienne met en lumière une partie souvent oubliée de l’histoire canadienne.
Drôle de coïncidence, en 2010, j’ai participé à un projet de Radio Canada International qui visait à valoriser les héros noirs du Canada dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. William Hall faisait partie des figures mises à l’honneur, et il m’est revenu d’être le narrateur de son parcours exceptionnel, inscrit dans un CD de la radio publique. Il incarne la résilience et la contribution des Canadiens noirs à l’histoire du pays, un héritage qu’il est essentiel de reconnaître.
Ecoutez ici : https://www.rcinet.ca/mhn-fr/2012/02/08/william-hall/
La cérémonie à bord du NCSM William Hall a permis de rendre hommage à cet héritage tout en jetant des ponts vers l’avenir. En engageant un dialogue sincère avec les communautés autochtones et en reconnaissant la diversité au sein de ses propres rangs, la Marine canadienne s’efforce d’être un reflet fidèle de la société canadienne.
Cet événement à Montréal a été un rappel important de l’importance de l’inclusion et de la diversité au sein des Forces armées canadiennes. Il a aussi montré que des efforts concrets sont en cours pour renforcer cette inclusion. Si la voie vers une pleine représentativité est encore longue, la Marine canadienne fait preuve d’un engagement réel à y parvenir, un pas à la fois. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation a ainsi été l’occasion de réaffirmer cette volonté, d’écouter les voix des communautés autochtones et de rendre hommage à ceux qui, comme William Hall, ont marqué l’histoire canadienne par leur courage et leur dévouement.
Cyrille Ekwalla / Institut Neoquébec- (oct. 2024)