La diversité, le talon d’Achille des salles de nouvelles

« Environ huit salles de rédaction sur 10 n’avaient aucun journaliste qui s’identifiait comme latino, moyen-oriental ou métis, et huit sur 10 ne comptaient aucun journaliste noir ou autochtone. Près de huit entreprises sur 10 ont également déclaré qu’elles n’avaient aucun représentant d’une minorité visible ou autochtone dans leurs trois principaux postes de direction. D’autre part, la diversité est plus élevée parmi les employés à temps partiel et les stagiaires. »

C’est ce qui ressort en substance du rapport publié le mois dernier par L’Association canadienne des journalistes, qui portait sur la diversité dans les salles de nouvelles au Canada.

L’enquête (1) suggère que les entreprises de presse ont un long chemin à parcourir si elles souhaitent diversifier les équipes rédactionnelles, en particulier en ce qui concerne les postes à temps plein et les positions de direction.

Les données nationales publiées le mois dernier par l’Association canadienne des journalistes (ACJ) sur la composition des salles de rédaction montrent que 78 % des journalistes s’identifient comme blancs, 4,6 % comme autochtones et 17,5 % comme appartenant à une minorité visible.

Les médias devraient commencer à agir

correctement avant de demander à toute la société de le faire

Pour John Miller, professeur émérite à l’Université métropolitaine de Toronto, « Le fardeau repose sur les dirigeants des différents organes de presse, qui doivent comprendre que notre population change constamment et qu’eux aussi doivent changer pour répondre à la société là où elle se trouve en termes de démographie.« . Pour ce défenseur d’une plus grande diversité dans les salles de rédaction depuis plus d’une vingtaine d’années : « ces résultats sont tout aussi accablants que ceux de l’année dernière. Et c’est décevant « .

Brian Daly

Brian Daly, professeur adjoint de journalisme à l’Université du King’s College, à Halifax, va dans le même sens :  » C’est simplement une question de gros bon sens […] Les personnes racisées ne voudront pas acheter un produit s’ils ne peuvent pas s’y reconnaître. « . Et Miller de renchérir : « Les médias devraient commencer à agir correctement avant de demander à toute la société de le faire« .

L’ACJ estime que les entreprises de presse devraient être transparentes sur la composition de leurs salles de rédaction, car nombre d’entre elles « font régulièrement des reportages sur la diversité des cabinets ministériels et des entreprises « . Elle note également que de semblables données sont recueillies aux États-Unis depuis 1978.

Les hommes sont plus nombreux que les femmes dans les postes de direction des entreprises de presse : 54,3 % des principaux dirigeants des salles de rédaction s’identifient comme des hommes, 44,3 % comme des femmes et 1,3 % comme non binaires.

Les responsables embauchent ceux qui leur ressemblent.

C’est très bien documenté

Par ailleurs, 83 % des superviseurs s’identifient comme blancs, contre 2,7 % qui s’identifient comme noirs, 3,5 % comme autochtones et 5,5 % comme asiatiques, indique le sondage.

Andrea Baillie, rédactrice en chef de La Presse canadienne, a déclaré que les résultats de cette enquête montrent qu’il reste encore beaucoup de travail à faire.

« La Presse canadienne a mis en place diverses initiatives pour ajouter de nouvelles perspectives à nos salles de rédaction ; c’est une priorité absolue, dit-elle. La diversité de notre main-d’oeuvre évolue lentement, mais nous devons retenir les nouveaux employés, nous assurer qu’ils se sentent entendus et les faire accéder à des postes supérieurs. »

Brent Jolly, président de l’ACJ, affirme que l’un des principaux défis à relever pour provoquer des changements est de combattre ce préjugé bien enraciné que les équipes d’embauche pourraient avoir.  » Souvent, les gens embauchent ceux qui leur ressemblent. C’est très bien documenté « , a-t-il déclaré, espérant que les enquêtes menées par l’ACJ « serviront d’appel à l’action pour les responsables « .

(1) L’enquête, menée entre mars et août 2022, est basée sur les réponses volontaires de 242 médias imprimés, radio, télévision et numériques, représentant en tout 5012 journalistes.

(c) Peter Uduehi (rédacteur en chef d’African World News) / La Presse canadienne – Janv 2023

 

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