La vague de diversité qui traverse la politique québécoise ne s’arrête plus aux limites de Montréal.

De Laval à Sherbrooke, en passant par Longueuil et Gatineau, un vent nouveau souffle sur les élections municipales du 2 novembre 2025. Ces villes, longtemps perçues comme moins ouvertes à la représentation des communautés issues de l’immigration, voient aujourd’hui émerger une relève politique néoquébécoise bien décidée à faire bouger les lignes.

Laval : la bataille des trois partis

À Laval, la diversité s’impose désormais comme un enjeu incontournable. Les trois grands partis municipaux — Mouvement Lavallois, Action Laval et Parti Laval — ont tous misé sur une forte présence de candidats neoquébécois. Sept pour le premier, huit pour le second, six pour le troisième : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.

Les Lavallois découvrent une campagne de terrain animée par de nouveaux visages : des entrepreneurs, des enseignants, des travailleurs sociaux, tous portés par le désir de faire entendre d’autres réalités.

Cette ouverture, encore impensable il y a dix ans, montre que la diversité n’est plus seulement concentrée à Montréal : elle se structure dans les banlieues, là où se joue une grande partie du futur électoral du Québec.

Gatineau : une diversité encore discrète mais bien présente

À Gatineau, le paysage politique bouge aussi, mais plus prudemment. Le parti au pouvoir, Action Gatineau, compte 3 candidatures neoquébécoises sur 19, tout comme Équipe Aubé, son principal adversaire.

C’est peu, diront certains, mais c’est déjà beaucoup dans une région longtemps marquée par une classe politique homogène.

Les candidats issus de la diversité s’y battent pour des thèmes concrets : logement abordable, transport collectif, meilleure représentation des jeunes et des minorités dans les conseils. Leur présence, même encore limitée, rappelle une réalité simple : la démocratie locale ne peut se contenter de miroirs uniformes dans une ville où la population est de plus en plus métissée.

Longueuil : une diversité qui s’installe

De l’autre côté du fleuve, Longueuil confirme cette tendance. Alors que le parti Option citoyenne présente trois candidatures sur neuf (3/9), la Coalition Longueuil , le parti de la mairesse actuelle Catherine Fournier compte 6 candidatures neoquébécoises sur 20.

Là aussi, les candidatures ne sont plus symboliques : elles s’enracinent dans le tissu social, dans les écoles, les associations et les conseils de quartier. Pour rappel, 5 des 6 candidatures de la Coalition Longueuil postulent pour un second mandat. Le message est clair : l’avenir politique de Longueuil se conjugue désormais au pluriel.

Sherbrooke : la locomotive de la diversité régionale

Mais c’est sans doute à Sherbrooke que le mouvement prend le plus d’ampleur. Le parti Sherbrooke Citoyen aligne 10 candidatures neoquébécoises sur 17, un record absolu pour une ville moyenne du Québec. Son chef, Rais Kibonge, déjà maire suppléant par intérim, mène une campagne axée sur la transparence, la participation citoyenne et la proximité. Face à lui, Vision Action ne présente qu’un seul candidat issu des minorités.

Pour beaucoup d’observateurs, cette différence illustre un vrai virage : à Sherbrooke, la diversité n’est plus perçue comme un enjeu identitaire, mais comme une compétence politique. Les nouveaux arrivants y trouvent une place, non pas « à part”, mais “à part entière« .

Une nouvelle carte politique québécoise

Ce que racontent Laval, Longueuil, Gatineau ou Sherbrooke, c’est une même histoire : celle d’un Québec local qui change de visage.

Dans ces villes, la diversité ne se contente plus d’observer la politique municipale : elle y participe pleinement. Et c’est  peut-être là que s’invente le Québec de demain

Les neoquébécois ne sont plus seulement présents dans les grands discours sur l’inclusion — ils s’installent là où se décide la vie quotidienne. Dans ces villes, leur engagement dépasse la simple quête de visibilité : il s’agit de participer à la construction collective, de réinventer le rapport entre élus et citoyens.

Derrière les chiffres, c’est une nouvelle géographie du pouvoir qui se dessine. Une carte où la diversité n’est plus concentrée dans les grands centres, mais diffuse, multiple, connectée. Et cette évolution, silencieuse mais profonde, pourrait bien redéfinir l’équilibre politique québécois au cours des prochaines années.

(c) Rédaction Neoquébec – (oct 2025)

Articles précédents :
https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/le-quebec-municipal-au-miroir-de-sa-diversite/ https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/montreal-2025-la-diversite-en-action-politique/ https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/quebec-la-lente-ouverture-dune-capitale/

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