La musique classique, malgré ses riches traditions et son histoire prestigieuse, reste un domaine où la diversité est encore à parfaire. Les artistes noirs y rencontrent souvent des défis particuliers en matière de reconnaissance et d’opportunités. Toutefois, des figures émergentes comme Michelle Cann démontrent que le talent et la détermination peuvent ouvrir des portes et élargir les horizons de ce milieu souvent perçu comme exclusif.
Digne héritière des compositrices noires de musique classique
Michelle Cann, une pianiste saluée pour sa technique intrépide et un son « énorme et riche », illustre parfaitement le potentiel inexploité des artistes noirs dans la sphère de la musique classique. Dès l’âge de quatorze ans, elle s’est produite en tant que soliste avec des orchestres de renom, tels que les orchestres symphoniques d’Atlanta et de Philadelphie, et a même fait ses débuts au célèbre Carnegie Hall. Son engagement envers la musique de Florence Price, une compositrice afro-américaine peu représentée, renforce son rôle de pionnière dans la redéfinition des canons de la musique classique.
La pianiste sera en concert à la Salle Bourgie le 16 avril 2024 à partir de 19h30 où elle interprétera des oeuvres de compositrices noires : Margaret Bonds, Betty Jackson King, , Nora Holt, Hazel Scott, et bien évidemment Florence Price.
Son travail a été reconnu à travers divers prix prestigieux, témoignant de son excellence et de son influence croissante. En outre, son rôle d’éducatrice, notamment à travers son implication dans des programmes visant à rendre la musique classique accessible aux communautés défavorisées, souligne son engagement pour une industrie plus inclusive.
Parallèlement à l’ascension de talents comme Cann, des efforts institutionnels sont également en cours pour accroître la diversité dans la musique classique. Caroline Louis, la directrice générale de la Salle Bourgie à Montréal, est un exemple de leadership engagé dans ce changement.
Sous sa direction, la Salle Bourgie s’est distinguée récemment par la programmation d’artistes noirs talentueux à l’instar de l’Ensemble Imani Winds ou du violoncelliste sud-africain Abel Selaocoe.
Cette initiative ne se limite pas à enrichir la scène musicale locale ; elle pose également un jalon important pour la diversification du monde de la musique classique à une échelle plus large. En programmant des artistes issus d’horizons diverse la diversité, cela contribue activement à remodeler le paysage musical classique pour qu’il soit plus représentatif de notre société.
Cette évolution, bien que lente, est cruciale pour la pertinence continue de la musique classique dans une société de plus en plus diversifiée
Ces initiatives sont essentielles pour briser les barrières traditionnelles et encourager une appréciation plus large de la musique classique, en la débarrassant de ses stéréotypes exclusifs et en valorisant la richesse que la diversité apporte à l’art. L’exemple de Michelle Cann, soutenu par des institutions progressistes comme la Salle Bourgie, montre qu’il est possible de redéfinir les attentes et d’enrichir la tradition classique avec de nouvelles voix et perspectives.
« Un défi que l’industrie de la musique classique essaie de relever est de donner une place équitable aux artistes de couleur qui ne ressemblent pas au standard d’une tête d’affiche. Ces artistes doivent convaincre de leur crédibilité, face au public et à leurs pairs. À nous de les soutenir. » (Caroline Louis – DG Salle Bourgie)
En définitive, la présence et la réussite de Michelle Cann dans la musique classique, ainsi que le travail de figures comme Caroline Louis, sont des signes prometteurs que le changement est en marche, même s’il reste encore beaucoup à faire pour que cette sphère artistique, notamment à Montréal, atteigne une véritable égalité des chances et de la visibilité pour tous les talents, indépendamment de leur origine.
Michelle Cann – Piano : 16 avril 2024 – Salle Bourgie (1339 Rue Sherbrooke O, Montréal, QC H3G 1G2) – https://www.mbam.qc.ca/
(c) Cyrille Ekwalla / Neoquébec – avril 2024