À trois jours de la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie (*) et au premier jour de la Semaine de la Sensibilisation Musulmane au Québec, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau a nommé la toute première Représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Il s’agit de Mme Amira Elghawaby.
Qui est Amira Elghawaby ?
Amira Elghawaby est une journaliste, une experte des questions d’équité et d’inclusion, et une militante des droits de la personne. Fréquente commentatrice des médias, elle a présenté des exposés et des ateliers à divers auditoires.
Mme Elghawaby travaille actuellement comme directrice des communications stratégiques et des campagnes pour la Fondation canadienne des relations raciales et est chroniqueuse pour le Toronto Star. Auparavant, elle a occupé des postes de communication au sein du mouvement syndical canadien et du Conseil national des musulmans canadiens, où elle a contribué à faire valoir les libertés civiles des musulmans canadiens et travaillé sur des questions liées aux droits de la personne. Elle a commencé sa carrière au réseau anglophone de Radio-Canada, où elle a été employée et a travaillé à la pige comme reporter et réalisatrice associée pendant 14 ans.
Mme Elghawaby possède une vaste expérience en matière de soutien à des initiatives visant à contrer la haine et à promouvoir l’inclusion. Elle a notamment été membre fondatrice du conseil d’administration du Réseau canadien anti-haine et a siégé au conseil d’administration du Silk Road Institute. En outre, elle a rempli deux mandats à titre de commissaire de la Commission canadienne sur l’expression démocratique du Forum des politiques publiques. Elle siège actuellement au Groupe consultatif sur la transparence de la sécurité nationale, un comité indépendant qui conseille le sous-ministre de la Sécurité publique.
Mme Elghawaby est titulaire d’un baccalauréat ès arts (avec distinction) en journalisme et en droit de l’Université Carleton.
À titre de représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Mme Elghawaby :
– agira en tant que porte-parole, conseillère, experte et représentante afin de soutenir et d’améliorer les efforts du gouvernement fédéral dans la lutte contre l’islamophobie, le racisme systémique, la discrimination raciale et l’intolérance religieuse.
– favorisera la sensibilisation aux identités diverses et intersectionnelles des musulmans au Canada
– conseillera le gouvernement dans l’élaboration de politiques, de propositions législatives, de programmes et de règlements inclusifs qui reflètent leurs réalités.
Ce faisant, elle contribuera à promouvoir le respect de l’équité, de l’inclusion et de la diversité, en plus de mettre en valeur les vastes contributions que les personnes musulmanes apportent au tissu national de notre pays.
Pour Justin Trudeau, « …La nomination de Mme Elghawaby au poste de première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie est une étape importante dans notre combat contre l’islamophobie et la haine sous toutes ses formes… »
Controverse naissante au Québec
La création de ce poste est une recommandation issue du Sommet national sur l’islamophobie tenu en juillet 2021 par le gouvernement du Canada. Un sommet qui avait pour objectif de mieux cerner des moyens d’aider le gouvernement à collaborer plus efficacement avec les communautés musulmanes afin de mettre en œuvre des initiatives de lutte contre le racisme visant spécifiquement l’islamophobie et la violence alimentée par la haine. Un processus d’appel de candidatures a été lancé en juin 2022.
Des voix s’élèvent déjà au Québec contre cette nomination, en raison de propos qu’aurait tenus Mme Elghawaby dans le passé, dont cette phrase dénichée dans le journal Ottawa Citizen « Malheureusement, la majorité des Québécois semblent influencés non pas par la primauté du droit, mais par un sentiment antimusulman« . Un article co-écrit avec Bernie Farber, président du Réseau canadien anti-haine et ex-directeur du Congrès juif canadien, en juillet 2019. Au moment où de nombreuses personnes, musulmanes et non-musulmanes, s’opposaient à la Loi 21, et tenaient des propos semblables.
La semaine de la sensibilisation musulmane
Un début de polémique qui ne semble pas émouvoir outre mesure des musulmans neoquébécois « Ce n’est pas nouveau ça… Dès qu’un musulman est nommé quelque part, on va toujours essayer de trouver des petites affaires, ici et là » nous dit une femme muslmane, organisatrice communautaire dans le nord de la ville. « C’est du déjà vu ! » renchérit-elle au téléphone. « on est à quelques jours d ela commémoration d’un drame qui nous atant fait mal en tant que musulmanes, mais aussi en tant que personnes humaines. Cette polémique n’a pas sa place« .
En effet, le 29 janvier, la Journée est dédiée à la commémoration de l’odieux attentat de la mosquée de Québec, perpétré par Alexandre Bisssonnette et qui avait fait 6 morts et 19 blessés, le 29 janvier 2019.
Parallèllement, la Semaine de la sensibilisation musulmane au Québec s’est ouverte hier lundi 25 janvier et qui dure jusqu’au 31 janvier. Avec pour thème « Apprenons à nous connaître« , il s’agit là d’une semaine annuelle de solidarité et d’échange où des personnes de tous âges, de toutes origines et de toutes confessions sont invitées à en apprendre davantage sur les réalisations, les contributions, les aspirations et les préoccupations des Québécois de confession musulmane.
Pour en savoir plus : https://ssm-maw.com/
(c) Institut Neoquébec – Janvier 2023