La ville de Québec a toujours cultivé une singularité. Capitale politique du Québec, gardienne d’une certaine idée du « vieux pays », elle s’est souvent présentée comme un bastion du patrimoine et de la tradition francophone.

Mais en matière de diversité, la capitale traîne une réputation tenace : celle d’une ville où l’inclusion avance à petits pas. Avec seulement 9,4 % de sa population issue de minorités visibles — le taux le plus faible des dix capitales provinciales canadiennes —, Québec peine encore à refléter la pluralité qui définit désormais la société québécoise.

Pourtant, à l’approche des élections municipales du 2 novembre 2025, quelque chose semble bouger. Lentement, certes, mais visiblement.

Un paysage politique qui s’élargit

Lors du scrutin de 2021, un seul élu neoquébécois siégeait à l’hôtel de ville : Stevens Mélançon, conseiller du district de la Chute-Montmorency-Seigneurial. À l’époque, il représentait Québec 21, parti d’opposition mené par Jean-François Gosselin.

Quatre ans plus tard, Stevens Mélançon se représente sous la bannière de Leadership Québec, nouvelle formation issue de la fusion entre Québec 21 et d’autres mouvements citoyens. Une continuité logique pour celui qui, depuis son élection, a porté la voix de la diversité dans un conseil municipal où elle restait largement absente.

Mais la véritable nouveauté, c’est que son chef, Sam Hamad, brigue lui-même la mairie. Ancien ministre libéral d’origine libanaise, il fait figure de pionnier dans une ville qui n’a encore jamais eu de candidat d’origine immigrante à la tête d’un grand parti municipal.

Sam Hamad mise sur une approche « rassembleuse et pragmatique », mettant de l’avant sa connaissance des institutions et son engagement pour une gouvernance inclusive. Sa candidature, hautement symbolique, remet en question l’image d’une capitale fermée sur elle-même.

Cinq partis, onze candidatures issues de la diversité

Au total, cinq partis se partagent la course aux 21 sièges du conseil municipal de Québec.

Les chiffres restent modestes, mais ils dessinent une tendance nouvelle :

  • Leadership Québec : 3 candidatures neoquébécoises
  • Québec Forte et Fière : 2 candidatures neoquébécoises
  • Québec d’abord : 2 candidatures neoquébécoises
  • Respect Citoyens : 3 candidatures neoquébécoises
  • Transition Québec : 1 candidature neoquébécoise

On compte donc onze candidatures issues de la diversité — un record pour la capitale. C’est peu en proportion, mais considérable dans un contexte où, jusqu’à récemment, la représentation était presque inexistante.

(c) Rédaction Neoquébec – oct 25

 

ANALYSE

Une capitale encore frileuse

Dans les rues de Québec, la diversité reste invisible. On la croise timidement dans les quartiers centraux — Saint-Roch, Vanier, Limoilou — mais elle demeure quasi absente des lieux de pouvoir.

Les explications sont multiples : un tissu social encore homogène, une économie locale moins tournée vers l’immigration, et une perception parfois négative de la « différence » dans l’espace public.

 » Le problème n’est pas l’absence de talents, mais la difficulté d’accès. À Québec, on reste souvent perçu comme des invités  » (Daniel N.)

Un constat que partagent plusieurs observateurs : la diversité existe, mais elle ne se traduit pas encore en participation citoyenne ou en représentation politique.

La candidature de Sam Hamad, dans ce contexte, prend une dimension particulière. Ancien ministre, ingénieur de formation, Hamad connaît les arcanes du pouvoir. Mais pour beaucoup, c’est surtout sa simple présence dans la course qui change la donne.

« Que la ville de Québec voie un neoquébécois briguer la mairie, c’est déjà une avancée« , estime un professeur de science politique de l’Université Laval. Même s’il ne gagne pas, sa campagne pourrait ouvrir une brèche dans un système politique encore figé.

Québec ne deviendra pas Montréal du jour au lendemain. Mais les signaux sont là : une présence accrue de candidats issus des minorités, une ouverture timide dans les partis, et une volonté nouvelle de parler de diversité sans malaise. Dans une ville où les changements culturels se mesurent souvent à l’échelle d’une génération, ces pas comptent double. La capitale n’a pas encore trouvé son équilibre, mais elle semble vouloir sortir du confort de son homogénéité.

(c) CYEK

Articles précédents :
https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/le-quebec-municipal-au-miroir-de-sa-diversite/
https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/montreal-2025-la-diversite-en-action-politique/

Article suivant : https://institut.neoquebec.com/scope-diversite/banlieues-et-villes-regionales-les-grands-pas-de-la-diversite-municipale/

Related Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.